La religieuse trappistine de Notre-Dame des
Gardes en Anjou, qui dut se cacher en 1793 chez
des amis, fit en 1815, la prophétie suivante:
J'entendis des voix qui criaient d'un ton horrible. J'entendis distinctement par trois fois
les mêmes voix qui disaient : « Nous sommes vainqueurs,
nous avons la victoire ! »
Au moment où les voix prononçaient ces paroles,
tout d'un coup je vis que le ciel devint une profonde nuit. Cette obscurité fut accompagnée d'un
tonnerre, ou plutôt il me sembla que le tonnerre
venait à la fois des quatre parties de la terre. Le
ciel devint tout en feu. Il se faisait alors un bruit
si terrible, qu'il paraissait annoncer la ruine entière du monde, j'aperçus alors un gros nuage
rouge, couleur sang de boeuf ; ce nuage roulait
de tous côtés. Cependant, j'aperçus des multitudes
d'hommes et de femmes qui avaient des figures à
faire peur ; ils se livraient à toutes sortes de crimes ; ils vomissaient des blasphèmes horribles
contre ce qu'il y a de plus sacré au cicel et sur la terre.
Ce qui me surprit, ce fut de voir à la tête de ces
malheureux quelques-uns de ceux qui, par leur état,
doivent les porter au bien et qui les poussaient au
mal. Le tonnerre grondait toujours dans les airs
d'une manière effrayante, lorsque j'entendis une
voix qui me dit : « Ne crains point ; mon courroux
tombera sur ceux qui ont allumé ma colère; ils
disparaîtront dans un moment. »